THIS IS THE END
THIS IS THE END…
ARGENTINE DU 10/05/12 AU 26/05/12
Nous revoici en Argentine à Gualeguaychu : nous étions dans cette bourgade il y a 3 mois à l’occasion du grand carnaval “del pais”, nous avions connu Gualeguaychu l’exubérante mais aujourd’hui nous découvrons Gualeguaychu la sereine…comme quoi un même endroit peut avoir bien différents visages.
Nous nous posons pour 3 jours au parc Unzue au bord du Rio afin de préparer un peu la future croisière de la casa rodante.
Les enfants sont tout contents , ils nous disent qu’ils se sont fait des copains…Et à notre grande surprise il s’agit de …chiens…Doit on se faire du souci ? Sont ils en manque de vrais copains ? Mais en même temps ne dit on pas que le chien est le meilleur ami de l’homme ?!
Toujours est il que nous voilà envahis de corniauds , ce n’est pas un ou deux mais une vrai meute. Rapidement Trystan et Noah ont leur chouchou qu’ils baptisent “pépette”, ils lui construisent une petite cabane et la dorlotent durant 3 jours.
Après un appel à la compagnie Grimaldi, nous changeons la date du cargo car celui initialement prévu est, à priori, toujours en Europe.On réserve sur le précédent qui avait lui aussi du retard et qui du coup arrive bientôt à Buenos Aires…Enfin finalement à Zárate…On se rend alors rapidement à Buenos Aires pour accomplir nos paperasses avec la compagnie qui soit dit en passant est un peu …beaucoup…voir passionnément à la rue ! c’est boulette sur boulette, on doit refaire les papiers plusieurs fois pour qu’ils soient justes, notre interlocuteur a un problème avec les chiffres, il les mélange , les intervertit, en invente certains , en oublie d’autres…pas trop rassurant tout ça !
On rebrousse chemin pour accompagner notre camping car à Zárate, et alors qu’on pensait que cette ville ne serait qu’un vulgaire port de départ pour le cc, le destin en a décidé autrement…
C’est ici qu’un certain Martin vient à notre rencontre : passionné de voyage en camping car, il n’a pu s’empêcher, en voyant le nôtre garé dans la rue, de venir nous accoster…bingo, le lien est tissé, nous tombons sous le charme de cet argentin…ni une ni deux, il nous trouve un bivouac puis nous convie à un asado…nous rencontrons Rosanna,sa femme ou “la negra” comme martin l’appelle tendrement…ben oui parce qu’elle est brune !!! Il y a aussi Roberto , l’ami de la famille qui est là avec nous…
Une belle soirée nous attend, elle se termine en rigolade quand martin, “le loco martin” (martin le fou) se travestit pour amuser la galerie …3h du mat’…nous rentrons quand même nous coucher, mais ils nous attendent le lendemain midi pour finir les montagnes de viandes de la veille (nous sommes en Argentine ne l’oublions pas ) et aussi le soir pour une gnocchi party !
On ne se quitte plus , sauf que le surlendemain on doit quand même aller déposer notre CC au port, c’est au début un peu pour ça qu’on est venu jusqu’ici…2h du mat’…petite nuit jusqu’à 6h00…
On n’a pas eu le temps de se voir mourir, cette belle rencontre a su panser notre douloureuse séparation, celle qui signifie : “voilà c’est fini !!!” Si on avait pensé tomber sur des gens comme ça en venant à Zárate, on termine en beauté notre aventure !
Jeudi 17 mai : l’heure est venu de laisser notre camping car qui pour nous est en réalité bien plus :
Plus qu’un véhicule, plus qu’une maison, il est notre compagnon de route sans lequel rien de ceci n’aurait été, il nous a emmené jusqu’au bout de nos rêves où l’on ne pensait même pas qu’un camping car puisse aller…
Il aurait pu avoir une toute autre destinée entre les mains de propriétaires adeptes du camping en France, un chouilla maniaques à l’affut de la moindre égratignure, du moindre grain de poussière …mais non, nous avions choisi pour lui une autre vie bien plus aventureuse…c’est ainsi qu’il est passé du camping 4 étoiles avec papi et mamie aux petits soins (n’ayons pas peur des stéréotypes débiles) au périple d’une famille en quête de…je ne sais quoi !!!
Après une croisière transatlantique de 15 jours, il a fait ses premières roues sur les grandes Highways américaines, s’est senti minuscule dans les grands espaces canadiens, a dû affronter les mortels “topes” Mexicains, a risqué la noyade en naviguant sur une coquille de noix au Guatemala, s’est fait dorer la pilule sur les plages d’Amérique Centrale, a fait son baptême de l’air sur un flat rack afin d’embarquer sur le cargo qui allait l’emmener en Amérique du Sud…il a connu la délicieuse ivresse des hauteurs dans la cordillère des Andes, a eu la visite inopinée d’un primate un peu trop curieux aux portes de l’Amazonie, il a tremblé sur les nombreuses pistes que nous l’avons obligé à emprunter, a passé une nuit blanche pas comme les autres sur l’inoubliable Salar d’Uyuni, s’est trouvé tout à coup bien svelte face aux baleines franches australes, a appris à ses dépens que le vent patagonien était son pire ennemi ainsi que la ruta 40 d’ailleurs, a rejoint la mythique Ushuaia, et a goûté un peu de farniente à la brésilienne… !!!
C’était probablement écrit comme cela…
…Lui et nous en Amérique !
Sa santé a conditionné notre humeur mais, nous pouvons maintenant le dire, nous avons eu de la chance : comme tout voyageur véhiculé l’angoisse de la grosse panne mécanique nous a souvent hanté , cette peur que du jour au lendemain tout s’arrête et heureusement il a tenu le coup, solide comme un roc…aucun gros problème moteur, seulement un alternateur et quelques bricoles au niveau de la cellule mais rien de suffisamment grave pour que le rêve tourne au cauchemar.
Pour tout ça, pour toute cette belle aventure, nous avons envie de lui dire :
Merci , merci, et encore merci !!!
Et fruit du hasard, dans quelques jours, il voguera sur un cargo dénommé “Le Grande America”…que ce joli clin d’œil lui porte chance…bye bye l’ami…à bientôt …
Mais revenons aussi à notre loco Martin et Rosanna qui nous gâtent tant ils peuvent, ils offrent des cadeaux à tout le monde…nous ne savons comment les remercier…une nouvelle amitié est née, une amitié “in con di cio nal” comme il le dit si bien…Mais il nous faut les quitter, notre bus nous attend (ben oui maintenant qu’on est à pied il faut bien trouver un substitut) pour nous conduire à Buenos Aires…nous voyons dans les yeux de martin des larmes naissantes…une rencontre du cœur, une vrai aventure humaine.
2h plus tard, chargés comme des ânes, nous arrivons à la capitale fédérale. Nous avons loué un appartement pour 8 jours afin de visiter Buenos Aires.C’est petit mais toujours plus grand que le camping car qui était lui par contre bien plus fonctionnel et aussi plus propre…quelle surprise quand nous visitons la cuisine et que nous découvrons en guise de cuisinière : une seule et unique mini plaque de cuisson électrique: c’est pas gagné !!!
En plus un temps de chien nous attend pendant toute la semaine : grisaille et pluie, tout ce qu’il faut pour remonter le moral, déjà qu’on n’est pas vraiment ville , là ça n’arrange rien…De l’appart, on a une magnifique vue sur le plafond nuageux et le béton !!! Sauf le tout premier jour où nous avons pu voir un peu du bleu du ciel, mais ce n’était que mensonge, juste pour essayer de nous amadouer car les jours qui suivent auront été d’une tristesse…
Que cela ne nous empêche pas de découvrir Buenos Aires.
Au programme dans le désordre: le centre historique, le marché artisanal de la Ricoletta et son cimetière, le musée des beaux arts, le marché de San Telmo avec ses danseurs de Tango, le quartier coloré et bien marrant de Caminito, le stade mythique “la boca” de l’épopée Maradona (c’est Greg qui me souffle car moi …le foot…)…et le tout, à pied !!!
Les jours s’enchainent , cette nuit est la dernière en Argentine autant dire que nous avons du mal à attraper ce sommeil qui ne cesse de se défiler…
Impossible de dormir, notre mémoire diffuse en boucle le film de nos 2 dernières années…tout y passe : de notre arrivée aux Etats Unis jusqu’à hier…La nostalgie déjà nous envahit…un peu plus de 25 mois, 17 pays avec près de 88 000 km parcourus…les images se succèdent…finalement c’est tard les yeux un peu humides que nous sombrons…
5h30 tout le monde au garde à vous , aujourd’hui c’est le jour, le grand jour, un jour un peu versatile, une sorte de mélange entre tristesse, angoisse mais aussi excitation et joie de retrouver bientôt nos proches, quoi qu’il en soit c’est le moment de rejoindre Montevideo en Uruguay d’où part notre avion ce samedi 26/05…
Et oui, on est bien au courant qu’il y a un aéroport international en Argentine mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué…et bien parce que notre petite virée en Uruguay nous permet d’économiser plusieurs centaines d’euros sur nos billets d’avion : de Montevideo s’est moins cher que de Buenos Aires !!! Et puis on n’est plus à une frontière près !!!
Pour cela nous embarquons sur le Buquebus qui traverse le rio de la Plata…puis l’aéroport…on y est…
Ces quelques lignes nous sont un peu difficile à écrire, probablement parce que c’est toujours un peu dur de terminer quelques choses de spécial, de magique et puis aussi pas tellement envie de ranger nos 2 ans d’aventure au rayon souvenir, même si on sait que les souvenirs ont ce pouvoir particulier de faire taire les moments difficiles pour ne garder que les plus beaux…
Mais nous, on ne veut rien oublier : ni les bons ni les mauvais, parce qu’ils font aussi parti de notre histoire, c’est aussi grâce à eux justement que les bons deviennent extraordinaires car nous ne croyons pas en un bonheur continu, ce serait trop plate comme ils disent au Québec.
Cette vie à 4 n’a pas été rose tous les jours mais elle était vraie…vivre tous ensemble dans si peu de mètres carrés pendant 25 mois n’a rien de naturel, mais nous y sommes arrivés : ok, il a fallu dompter ses propres colères, encaisser celles des autres pour éviter que ne figure dans la rubrique voyage un fait divers intitulé : “homicide chez les Binet au long cours”…Nous n’avons pas succombé à la tentation, parfois grande, d’en étriper un, deux, voir les trois à la fois !!!
Pour les futures familles de voyageurs qui auraient peur de s’ennuyer, je ne dirais qu’un mot : “CNED” ou simplement “scolarité”…ces quelques lettres qui vous sortent direct de vos rêveries de totale liberté et vous raccroche malgré vous à la réalité, ces lettres qui vous amènent cette détestable tension dont vous vous passeriez bien surtout tout de suite après le petit déjeuner, ce mot qui vous susurre puis vous crie bien fort que la plénitude parfaite n’existe pas !!! voilà j’l’ai dit, si il y a bien une chose qui ne me manquera pas c’est bien ça car si dans notre imaginaire on pense que cela va être amusant de faire l’école à ses propres enfants et bien moi cela ne m’a pas fait rire longtemps…Peut être que d’autres sont et seront plus pédagogues…Suerte quand même !!!
Mais tous ces moments jugés difficiles ne font en rien pâlir les instants uniques et fantastiques que nous avons vécus, oui fantastiques c’est le juste mot. Notre âme est dorénavant comme marqué au fer rouge, c’est gravé en nous pour toujours.
Tous ces endroits magiques qui nous ont été donné d’admirer et qui nous ont fait pétiller les yeux, nous ont fait vibrer de tous nos sens, toutes ces vies qui ont croisé la nôtre, ces sourires, ces saluts tout le long de notre chemin qui ont comblé notre cœur , toutes ces rencontres avec les locaux mais aussi avec les autres voyageurs avec lesquels nous avons passé du bon temps, animés par la même passion…
Il est bien possible qu’une partie de nous ne revienne d’ailleurs jamais de cette aventure : qu’elle en profite, et qu’elle pense à revenir nous titiller un jour !!! Mais pour ça on ne se fait pas de souci, nous ne sommes pas installés ni même encore partis que notre esprit déjà vagabonde vers d’autres contrées lointaines …La terre est belle, si belle.
Ce voyage a fait naître un sentiment fou et qui même s’il est probablement plus bercé d’illusions que de réalité, procure une sensation grisante : “Tout est possible”…et qui sait peut être réalisable…En tout cas c’est rempli de toutes ces émotions que nous nous envolons vers de nouveaux rêves, de nouveaux projets, de nouvelles décisions, vers une autre vie…