A BORD DU TCHAO TCHAO
A BORD DU TCHAO TCHAO
PANAMA-COLOMBIE VIA LES SAN BLAS
DU 24/04/11 AU 28/04/11
Dimanche 24/04 : nous embarquons sur le voilier “Tchao Tchao” de Tad et Muriel en direction de Cartagena en Colombie via l’archipel des San Blas…
Et oui, c’est de cette façon que nous avons choisi de passer de l’Amérique Centrale en Amérique du Sud…
Tad est marin depuis l’âge de 14 ans et Muriel est chef en mer, cela fait 2 ans et demi qu’ils vivent sur Tchao Tchao entre la Colombie et le Panama. Ils organisent des Charters dans les iles et aussi cette traversée Panama –Colombie plus ciblée Backpakers…
A bord nous faisons la connaissance d’une autre famille qui va partager avec nous la vie de marin : Diana d’origine colombienne, Darron son mari canadien et leur fils Thomas 8 ans, habitent au Panama depuis 6 mois.
Nous prenons possession du navire qui paraissait nettement plus grand vu de la plage, mais pour nous pas de problème , nous avons l’habitude d’évoluer dans un espace restreint…et il est toujours plus grand que notre CC.
Allez, mettons les voiles…et le moteur, le vent n’étant pas assez fort pour naviguer sans.
Aidés de nos comprimés pour le mal de mer (impressionnant ce qu’on est devenu prévoyant…sornettes ! c’est Muriel qui a pensé à nous !), nous quittons Puerto Lindo pour nous rendre aux San Blas…9 h de navigation…Quelques dauphins viennent danser devant la coque : exclamation sur le pont…pas le temps de les immortaliser, ils sont déjà repartis !
Tout se passe un peu près bien…seul mon bref séjour dans ce que j’ai surnommé “le placard infernal” : les toilettes , a failli mal tourner ! D’ailleurs, en ressortant, je comprend mieux les paroles de compassion que Muriel me lance avant de pénétrer à l’intérieur : “Bon courage”.
C’est un peu comme si vous vous enfermiez dans un placard qui ballote dans tous les sens avec une température étouffante avoisinant les 40 degrés…Je suis alors secouée comme un cocotier (pas de prunier ici), j’étouffe, je me dépêche , et une fois la petite affaire héroïquement terminée il faut encore s’accrocher car on doit pomper 22 fois pour tout évacuer…je ressors en nage, l’estomac en vrac, vite sur le pont pour avaler, à coup de grandes inspirations , l’air marin …c’était moins une !!!
Le calvaire de la gente féminine, car les hommes, eux, ont l’immense bonheur de pouvoir pisser gaiement par dessus bord !
Arrivée à Porvenir l’île administrative des San Blas…minuscule !
Cet archipel est composé d’environ 400 iles ou ilots dont seulement 10 % sont habités par les tribus Kuna.
Tout est sublime, tout droit sorti d’un rêve avec ces eaux translucides…
Le temps est plutôt gris et les couleurs ne ressortent pas , Greg râle pour pendre les photos mais même sans soleil c’est juste le paradis sur terre !!!
On a quand même la chance de n’avoir la pluie que le soir venu, nous laissant ainsi profiter des journées de baignade et snorkelling …
Le soir, un catamaran , poussé par les vents et l’orage qui approche, nous fonce dessus…s’en suit une conversation animée voir houleuse à la radio entre Tad et la propriétaire de l’autre bateau : “Antarès Antarès…Tchao Tchao…”.Le cata capitule et s’en va mouiller plus loin. On apprendra le lendemain, que c’était sa troisième tentative de jeter l’ancre dans les environs …raté !
Puis première nuit dans notre cabine , on ne le sait pas encore mais malgré la chaleur étouffante, ce sera probablement une de nos meilleures nuits…avant de découvrir celles qui nous attendent en pleine mer…
Le lendemain après une matinée à profiter des températures délicieuses des caraïbes, Tad nous emmène sur l’île Nalunega où nous retrouvons Nestor ( rencontré par hasard à l’arrêt de bus de Portobelo…le monde est petit j’ vous dis !)
Il est kuna et vit sur cette île avec sa famille dans ce petit village authentique.
Les filles, dès leur puberté, sont vêtues de leur habit traditionnel, les cheveux coupés et prennent leur nom Kuna.
Leurs jambes et leurs bras sont sertis de colliers et bracelets colorés.
Vous voulez devenir Kuna ?! Non , Non juste quelques perles merci !
On déambule dans le village, on discute avec une femme portant un bébé dans les bras et on apprend que ce n’est pas le sien, sa vrai maman étant morte en accouchant il y a 7 mois…Pas d’hôpital ici, la mise au monde se fait à l’ancienne avec les conséquences dramatiques en cas de complication !
On va jusqu’à l’école : le teint pale et les cheveux clairs de nos 2 loulous leur donnent un franc succès : en quelques minutes ils se retrouvent entourés de demoiselles qui les questionnent :
Noah, réservé, ne lève pas le nez, elles sont presque même arrivées à clouer le bec à notre Trystan qui bredouillent tout de même quelques phrases…en espagnol !
Avant de regagner le bateau Tad nous dépose sur l’île voisine Wichubuala .
puis nous nous rendons à l’épave à côté d’ Isla Perro pour un peu de snorkelling…les poissons pullulent autour de ce navire échoué.
Près du mouillage , une tortue vient nous souhaiter la bienvenue dans l’archipel…bon en fait elle remonte pour respirer…mais on se plait à y croire !!!
Au loin une mini île surnommée One Palm Tree Island…même pas de quoi tendre son hamac…un seul cocotier planté au milieu !
L’endroit est vraiment magique…magique…et magique !
On en prend plein les yeux, je resterai des heures à admirer cette beauté silencieuse …
Trystan et Noah s’amuse bien avec Thomas , ils se parlent en espagnol alors que Thomas est anglophone mais allez savoir pourquoi l’espagnol leur vient plus facilement que l’anglais ! Et ça y va !!!
Tad, courageux et patient, apprend aux enfants à jouer aux échecs…
On teste aussi les douches de marin : d’abord tu plonges dans la mer pour te mouiller, puis tu te savonnes, tu replonges dans l’eau salée pour rincer le plus gros et ensuite rinçage à l’eau claire…rigolo !
Puis c’est 43 heures de navigation en pleine mer et là ça se corse !
Trystan et Noah sont un peu malades, Greg va bien, et moi je me contiens, je me contiens avec cette question qui me taraude :
“Comment ne pas retourner dans le placard infernal pendant 2 jours !!!”…impossible et le nouveau séjour dans les toilettes a eu raison de mes efforts , je remonte rapido sur le pont d’où je rejette lamentablement mon repas à la mer !
2 jours à choisir entre :
se coucher pour dormir ou se pencher pour vomir !!!
Pendant cette traversée : farniente imposé , et quand je parle de ne rien faire, il ne s’agit pas de lire un livre ou d’écrire…trop grand risque de gerber ! juste rien faire !!!
En pleine mer, il n’y a jamais de répit, la houle , la houle et encore la houle…de jour comme de nuit !
Alors on s’installe sur le pont avant du voilier, on laisse nos yeux se perdent dans l’horizon, on est aux premières loges pour voir la taille des vagues à venir…
Je reste admirative devant Muriel qui malgré les va et vient du bateau, fait la cuisine…tout naturellement !
L’avantage en voilier c’est qu’il n’y a pas ces putains de moustiques…ils n’y survivent pas !
Diana très malade ne ressortira quasiment pas de sa cabine jusqu’à l’arrivée !
Seuls Greg et Darron sont en pleine forme.
Il parait qu’il y a des marins qui ont le mal de mer toute leur vie…dur métier !
Les nuits ne sont pas meilleures : difficile de dormir avec le vacarme infernal du moteur sous l’oreiller…
Pendant ces 2 jours, on assure des “quarts” afin de laisser Tad se reposer : nous nous partageons la nuit : 3 h chacun pour surveiller l’océan !Rassurez vous, nous naviguons en pilotage automatique …la barre tient son cap toute seule !
Et là je dois dire que c’est vraiment enivrant de se retrouver seule sur le pont en pleine nuit sur un voilier qui vogue entre le Panama et la Colombie, entre l’Amérique Centrale et Celle du Sud !!! :
Encore un de ces instants uniques ..l’émotion est à son paroxysme …
Bon Dieu que c’est grisant…quel pied !!!
Juste l’Océan immense …et la nuit mystérieuse…
Pour Greg c’est un de ses moments préférés , son quart de minuit…3 h du mat, grand face à face entre l’homme et la mer…
Le charme est rompu lorsqu’un poisson volant tente de l’assommer…en plein sur la tempe droite…ce n’est pas une blague !
Au petit matin, nous retrouvons même l’auteur du crime.
Et moi, je me découvre le pied marin …mais seulement by night !!!
Mais sitôt retournée à la cabine, l’effet “King of the world” tombe à l’eau ! Le voilier navigue à la gite c’est à dire carrément penché : encore une nuit de rêve !!!
Jeudi 28/04 : Au loin, les building de Cartagena de Indias…la terre ferme…la Colombie…l’Amérique du Sud !!!
Ce voyage a été plutôt riche en émotion et même si nous réfléchirons à 2 fois pour reprendre la mer, nous avons vécus des instants incroyables !
Quelle belle manière pour nous, qui plus est singulière, de passer d’un continent à l’autre , de plonger dans notre seconde année de voyage. Une vraie expérience que nous ne sommes pas prêts d’oublier !
Et le seul plaisir de retrouver Tad et Muriel que nous avons vraiment apprécié, suffirait ,sans nul doute, pour nous faire remonter à Bord…Tchao Tchao !!!